Sunday, August 7, 2011

Jazz à Vienne: une 31e édition sous le signe de Miles Davis

De Jean-François RICHARD (AFP) – 13 juil. 2011  
VIENNE — Vingt ans après sa disparition, les mânes de Miles Davis ont plané pendant les 15 jours de la 31e édition du festival "Jazz à Vienne" qui s'achèvera au petit matin du 14 juillet après une nuit de musique non stop.
Mardi soir, Wayne Shorter au saxophone, Herbie Hancock aux claviers, Marcus Miller à la contrebasse, aux basses électriques ou saxo basson ont enchanté près de 7.000 personnes avec une série de suites évoquant les grands thèmes mythiques du légendaire trompettiste.
La soirée avait commencé sous une chaleur torride de 36°, par les images du dernier concert à Vienne de Miles Davis, en juillet 91. Elle s'est achevée aux premières gouttes d'un orage au moment du rappel du quintet constitué exceptionnellement pour les festivals de Vienne et d'Antibes-Juan-les-Pins.
Quelques semaines avant sa mort, Miles Davis s'était produit pour la quatrième fois dans le théâtre antique de la ville de l'Isère et selon un témoin de la scène, à la fin du concert, de la coulisse, il avait soulevé ses lunettes noires qui ne le quittaient jamais (du moins en public) et avait fixé l'amphithéatre et ses gradins de pierre millénaires pendant quelques secondes, sans doute en forme d'adieu.
Vingt ans plus tard, trois soirées hommages lui ont été consacrées : le 2 juillet (Bitches Brew Beyond avec le trompettiste Wallace Roney), le 7 juillet Return to forever (Chick Corea, Stanley Clarke, Lenny White, Frank Gambale, Jean-Luc Ponty) et Dave Holland son ancien bassiste en quintet, le 12 juillet sous la direction de Marcus Miller, Herbie Hancock et Wayne Shorter.
"Rendre hommage à Miles implique que l'on regarde en arrière, mais le problème est que Miles n'a jamais regardé en arrière", a déclaré Marcus Miller lors de la prestation du quintet, mêlant français et anglais.
Sonny Rollins, l'une des dernières légendes du jazz, s'était lui produit le 11 juillet. Ahmad Jamal, l'un des pianistes promus par Miles, a rempli la scène du théâtre antique le 4 juillet, au lendemain de son 81e anniversaire.
Quelques valeurs sûres venues de la variété ont également étoffé le plateau de "Jazz à Vienne" qui a su s'ouvrir pour renouveler son public : Tom Jones, qui a donné le coup d'envoi du festival, le 29 juin, Cindy Lauper (le 8 juillet), qui a abandonné la pop pour le blues et dont le tube des années 80, Time After Time, avait été repris par Miles Davis lui-même. Jamie Cullum, Al Jarreau ou Giberto Gil ont été aussi les grandes affiches d'une musique que les puristes qualifient d'"écarts".
Un des habitués de la scène viennoise, George Benson, est revenu le 30 juin distiller ses talents de crooner, loin de la musique que le guitariste jouait quand il accompagnait Miles Davis au début des années 60.
La dernière programmation de Jean-Paul Boutellier, qui a fondé "Jazz à Vienne" en 1980, a ainsi été ouverte à toutes les tendances avec en outre trois soirées tournées vers le soul, le funk et le blues.
Il passe le relais à Christophe Bonin qui était jusqu'à présent directeur du Palais idéal du Facteur Cheval, à Hauterives (Drôme).
Cette année encore, le nombre des spectateurs aura augmenté pour atteindre les 100.000, soit 5.000 de plus qu'en 2010, en quinze soirées.