Eric Legnini and the Afro Jazz Beat
Album Sing Twice !
Avec Hugh Coltman, Mamani Keita, et Emi Meyer
Sortie le 29 janvier 2013
Discograph
Eric
Legnini poursuit ses voyages et ses rencontres musicales avec son album
Sing Twice ! Après The Vox, illuminé par la voix soul de Krystle
Warren, le piano d’Eric Legnini aborde cette fois-ci la pop, et la
musique africaine. Trois invités de choix : Hugh Coltman, Mamani Keita et Emi Meyer rejoignent
le trio Eric Legnini et the Afro Jazz Beat. Sing Twice ! affiche ses
prétentions : un disque de jazz aux contours pop, un album de pop aux
atours jazz, que l’on retrouve aujourd’hui avec un clip pour Snow Falls en duo avec Hugh Coltman et par un remix électro funk incroyable de Souleance.
Pour regarder et diffuser le clip de Snow Falls avec Hugh Coltman
Pour regarder et diffuser "Carmignano (Souleance remix)"
Sing Twice ! : Tout est dit dans le titre. Ce jeu de mot raisonne fort à propos sur la carrière d’Eric Legnini. Chante à deux fois, donc ! Cela fait doublement sens chez celui qui, depuis Miss Soul en
2005, a pris sept ans de réflexions avant d’en arriver là. Entendez un
album qui flirte bien souvent avec la pop. Tout son parcours plaide pour
l'ubiquité du quadragénaire, qui s'est fait la main auprès des plus
fameux improvisateurs de sa Belgique natale.
En 2008, il achève avec Trippin’, le dernier volet du triptyque (Miss Soul, Big Boogaloo)
qui l'impose comme l'un des maîtres de l'art du trio à la française, où
sa science des standards se double d'une connaissance des classiques
soul. Puis ce sera The Vox
(2011), un disque qui redit jusque dans son titre son désir de lendemains enchantés. “Avec la voix, tout devient plus clair, plus lisible. Au premier degré.”, confiait-il alors... Eric Legnini se verra décerner à cette occasion une victoire de la musique Jazz. En 2013, notre bonhomme maintient le cap avec Sing Twice !. Dix doigts majeurs – trente si l’on ajoute le batteur Franck Agulhon et le contrebassiste Thomas Bramerie
– et trois voix majuscules, voilà la formule alchimique (relevée ça et
là d’une section de cuivres, d’une guitare funky, de quelques
percussions de l’Afro Jazz Beat) qui le compose. Les voix c’est d'abord
celle d'Hugh Coltman, croisé lors de l'émission “One Shot Not”
sur Arte. C'est ainsi qu'Eric convie le chanteur anglais lors d'un
premier concert à l'automne 2011. “Il apportait une tournure plus blues, plus soul, plus Stevie.” Tant
et si bien que désormais Hugh devient un membre à part entière du
groupe, comme le confirment les trois thèmes superlatifs où son timbre
singulier, un brin dandy pouvant prendre le accents d'un falseto blues,
fournit la couleur principale de cet album aux reflets multiples : soul
pop.
Deux
autres chanteuses mettent d’ailleurs leur grain de soul sur cette
galette, lui donnent des couleurs complémentaires : la Malienne Mamani Keita, dans une veine plus clairement afro funk, et l’Américano-Japonaise Emi Meyer dans un registre nettement
plus folk. “Avec
Mamani, j'ai réussi à achever ce que j’avais entamé sur The Vox.
L'Afrique très présente est cette fois incarnée par cette griotte qui
habite avec une intense énergie les deux titres que je lui ai proposés.
Quant à Emy, elle offre un autre point de vue,
plus clairement folk pop.”
Le
temps – ou plutôt la superposition d’espaces-temps différents – est le
secret de ce disque. Enregistré en deux jours au printemps, peaufiné
pendant un bon mois cet automne, mais préparé depuis plus d'un an : Tout
a commencé sur les routes de tournées menant le trio aux quatre coins
du monde. “Nous avons peu à peu construit le répertoire lors des
balances, puis sur scène. On s'est approprié le répertoire sans la voix,
juste tous les trois. La plupart des morceaux sont nés ainsi, puis je
les ai peaufinés pour chacun. Quand Hugh a posé des paroles sur les
siens par exemple, ça a forcément changé les inflexions.” De cette première couche, élaborée en direct, il reste cependant la vibration organique. Ces morceaux développés en live seront travaillés et retravaillés. “Le
but du jeu était de maquetter les titres avec un farfisa, à l'aide
d'une simple boîte à rythmes. À partir de cette structure hyperminimale,
nous pouvions de nouveau étendre les morceaux, mais pas trop. Il
s’agissait de garder le format de la chanson, sans oublier la forme
jazz. De toute façon, on joue en studio comme en concert : on se lâche,
on prend des risques. Il s'agit d'un trio avec voix !
C'est
comme un disque que je produirais, au service de la voix mais sans
restriction de styles. Je m'autorise des digressions. Le projet n'est
pas lissé !” Voilà pourquoi la ligne claire, éminemment mélodique, autorise néanmoins des détours harmoniques,
des chausse-trappes rythmiques. On peut être au service de la voix,
sans jouer au détriment de l’énergie du trio. L’affaire est une question
de dosage, subtil. Une histoire de production dont Eric, en bon fan de Danger Mouse, Grizzly Bear et autre Daniel Lanois, en bon disciple de John Barry, fait son affaire. “Je
ne voulais pas réaliser la simple photo de ce que l'on joue sur scène.
Toute mon activité de producteur me sert et est très présente jusque
dans les choix de fréquences.”, analyse celui qui s’est multiplié
sur les claviers vintage : orgues seventies - Eko, Farfisa -, synthés
analogiques, pédales d’effets, programmations de "beats" à partir de
vielles boîtes à rythme, Fender Rhodes, mais aussi et surtout ce bon
vieux piano...
Pas de doute, jusque dans sa conception, Sing Twice ! affiche ses prétentions : un disque de jazz aux contours pop, un album de pop aux atours jazz. Il suffit de se pencher sur “Snowfalls”, un véritable hymne qui devrait rappeler de bons souvenirs aux amoureux de Radiohead et de E.S.T.! Il en va de même d’“Only For A Minute”, un chant hanté par la figure tutélaire de Stevie Wonder, drappé dans une ambiance folk. Et si “Yan Kadi” marche avec classe dans les traces de papa Fela, si “The Source” est l’hommage masqué d’une griotte à “Africa Brass”, “Cinecitta” clôt
ce recueil par un salut évident à l'Italie de ses origines, mais porte
aussi la marque de respect de cet arrangeur pour tous les grands auteurs
de bandes originales. Autant de références, de révérences, qu’Eric Legnini assume à 200 % tout comme il assure jouer à 300 % jazz. “Si
on écoute bien mon disque, on entendra par derrière beaucoup de
joueries jazz, un état d’esprit dans l’interplay du groupe et dans le
rapport à l’accompagnement des voix propres à cette façon
d’aborder la musique. C'est un laboratoire pour qui sait entendre, où le
jazz reste la matrice, et la pop représente le cap.”